dimarts, 30 d’abril del 2024

Entrevista amb el pare Duval





Preciosa entrevista de Claude Goure al pare Aimé Duval apareguda a "Panorama aujourd'hui"  N° 180, març de 1984, molt poc abans de la seva mort el 30 d'abril de 1984 (ara fa 40 anys...).


Il avait disparu celui qui chantait: Qu'est-ce que j'ai dans ma petite tête, le Ciel est rouge, Rue des Longues-Haies... Des succès qui ont fait le tour du monde et qui continuent de courir sur les lèvres, car le père Duval avait su créer une véritable chanson populaire d'inspiration religieuse. Il avait disparu... Ou plutôt il avait sombré au fil d'un voyage au bout de la nuit. Un voyage dont il est revenu et qu'il a raconté dans un livre et qu'il reprend, ici, pour nous. Avec émotion, passion, tendresse...


Pourquoi un jour, on se décide à raconter un voyage au bout de la nuit?

Je le devais à tous ceux qui m'ont fait confiance lorsque je chantais Jésus-Christ et qui avaient le droit de savoir ce que j'étais devenu.
Mais je le devais surtout aux alcooliques. Quand je ne l'étais pas moi-même, quand la maladie ne s'était pas encore déclenchée chez moi, je passais à côté d'eux avec indifférence. Je ne avais pas ce que c'était! Mais quand je suis devenu alcoolique à mon tour, j'ai découvert que c'était effroyable, pire que tout ce que l'on peut imaginer. Et quand j'ai appris que nous étions 13% en France - plus de 6 millions! -, la révolte est montée en moi. Une colère que je n'ai pu maîtriser.

Une colère contre qui?

Contre la conspiration du silence! On se tait tandis que 6 millions d'hommes et de femmes " bousillent " leur famille, se retrouvent en taule ou meurent dans le désespoir. Inadmissible! Puisque j'étais passé par là, il fallait que je parle. J'aurais tout risqué pour ça. Tout, tout, tout... Même mon maintien dans la Compagnie de Jésus : si mon Supérieur m'avait interdit de public, je partais... Une exigence intérieure. Une justice à ceux qui souffrent de l'alcoolisme. Les conjoints, les enfants... Et les alcooliques eux-mêmes: à la fois coupables et victimes...

Il fallait avoir ce courage!

Je n'ai pas eu de courage. Ça s'est imposé! J'ai dit à mes supérieurs: "Je sors un livre sur mon alcoolisme!" Ils m'ont répondu: "Très bien!" J'ai pu tout dire. Et ils ont tout accepté. Du coup, j'en ai oublié les imbéciles sur qui j'étais tombé jadis. Chapeau, la Compagnie de Jésus!

Ce livre, vous l'avez dicté, au magnétophone, au volant de votre voiture...

Parce que je parle plus facilement que je n'écris.

Mais pourquoi dans votre voiture? Vous auriez pu parler aussi, ici, dans votre chambre!

La voiture représente pour moi une double réalité spirituelle. Un lien. Mais aussi un moyen de fuir. Comme l'alcool...
J'ai choisi la nuit aussi pour parler. La nuit on voit la route, seulement on ne voit pas le monde. Ce monde que je n'aimais plus à la fin... Mais maintenant, j'ai retrouvé une vitalité formidable. Plus forte encore que celle qui m'a fait faire 2 millions de kilomètres dans 40 pays du monde, avec mes chansons.

Justement, parlons un peu des chansons et du foudroyant succès que vous avez connu il y a vingt-cinq ans: l'Olympia, des millions de disques, des récitals dans le monde entier, des foules de 30 000 personnes à Londres, à Berlin... Qu'est-ce qui s'est passé soudain entre le public et vous?

Je ne sais pas. J'avais écrit ces chansons, à partir de ce que je vivais. Je suis seulement un petit bonhomme, mais j'aime Jésus-Christ et il s'est trouvé que ces chansons que j'avais faites pour "Monsieur Jésus-Christ" ont plu aux gens. Voilà tout. D'abord dans les bistrots où j'allais comme missionnaire populaire et où j'ai commencé à les chanter.

Ça a commencé comme ça?

Comme ça. Dans les bistrots. Et puis, soudain, ce fut cette explosion tout à fait extraordinaire. Parce que, je crois, les gens ont eu envie d'entendre parler de Jésus-Christ.

Mais quand une telle popularité vous tombe dessus, comment supporte-t-on?

Je suis passé au travers... Tellement de choses pratiques prenaient tout mon temps. Entretenir ma voiture. Prévoir les voyages. Penser au passeport. Acheter un plan de la ville. Faire une visite de courtoisie à l'évêque et au maire. Supporter la jalousie de quelques collègues. Donner de l'argent aux quémandeurs. Engueuler un escroc. Supporter à la limite de mes forces la vie chagrinée des pauvres, des malades, des déprimés, des prisonniers... Trouver le temps de finir une chanson. Répondre au courrier... Des millions de lettres dont j'ai encore des caisses entières. Lettres amicales, émouvantes, implorantes, questionneuses, encourageantes. Rarement des lettres méchantes, anonymes, injustes, sectaires et bête à pleurer. Et je pleurais en effet. Sensibilité anormalement vive. En ce temps-là, j'étais sensible aux critiques injustifiées. La méchanceté et la malhonnêteté existaient et ni mon père ni ma mère, paysans courageux et fiers, ne m'avaient préparé à les supporter...

C'est comme ça qu'est venu l'alcoolisme?

La fatigue est une des conditions de sa venue. Mais finalement, ce n'est ni la fatigue des concerts ni la bêtise de que quelques-uns qui m'ont fait boire. Ni la solitude affective, comme on le dit souvent... Rien non plus, ne me prédisposait à devenir alcoolique. Enfant, j'avais été aimé, et mes parents ne m'ont pas donné un cœur de lâche. Les raisons sont donc ailleurs...

Découvrons ces raisons précisément. Vous dites toute la vérité sur l'alcool, père Duval... Y compris celle-ci: "Le vin m'a aidé aussi à faire mes chansons..."

...Il leur a donné leur coloration de nostalgie, ou de colère, de fatigue ou d'attente du ciel. Pour sentir la maladie du temps, pour éprouver la douceur du monde futur où l'on s'aimera, et pour crier que ce hiatus me fait mal, l'alcool m'a aidé, je le reconnais et je ne regrette rien.
Comprenez bien cela... Il y a deux phases dans la maladie alcoolique. Une période de vin heureux d'abord. Tous les alcooliques passent par elle. Je me souviens, par exemple, de cette merveilleuse rencontre à Madagascar. Un de mes très bons amis jésuite, missionnaire là-bas, m'avait demandé de lui procurer une jeep et du fer à béton. Ce que j'avais fait, en profitant pour aller lui rendre visite. Il m'attendait dans sa cahute de branches et nous bûmes ce jour là, avec les larmes aux yeux, les verres de l'amitié et des retrouvailles après tant d'années...

Le vin était bon...

Ah! Oui... Pour tout ce que nous y mettions. Le vin accompagnait ainsi toutes mes joies: de l'esprit, du cœur...

De la création?

Évidemment... J'étais ici, à cette table où vous me voyez. A l'époque ce n'était pas du vin, trop fort pour créer, que je buvais, mais de la bière de table que j'allais prendre dans l'armoire au rez-de-chaussée. D'abord une bouteille, puis deux, puis trois...

L'alcool vous aidait.

Oui. Il forçait les portes du silence, faisait venir le chant et me donnait le courage de chanter. Je le bénis. Et je continuerai de le bénir au Ciel lorsque je verrai Jésus-Christ. Après lui avoir dit " Bonjour, monsieur Notre Seigneur Jésus-Christ ", je lui demanderai: " Que buvons-nous?" Il comprendra, Lui qui a de l'humour, qui a commencé sa vie publique au banquet de Cana et qui l'a achevée par le repas de la Cène.

Mais le temps du vin heureux ne dure pas!

Hélas! Au début, l'alcool stimule tout ce qu'il y a de bon en nous: l'amitié, la faim de justice, l'écoute, la création... Le malheur, c'est que l'on passe insensiblement de cette étape heureuse à la suivante, désolée et tragique.

Sans se rendre compte, dites-vous: "Cette maladie alcoolique, je ne l'ai pas vue venir..."

C'est vrai. Je n'en ai pas du tout été conscient. Du tout...

Même quand vous avez été malade et que vous avez été hospitalisé?

A Cologne par exemple, pour ma pancréatite?

Oui...

Pas du tout. Je mettais ça sur le compte de la fatigue. L'idée ne me venait pas, étant donné le peu que je buvais, que ces malaises puissent venir de là.

Tous les alcooliques sont comme ça?

Les autres alcooliques sont prévenus beaucoup plus tôt, parce que, avec eux, les médecins ne prennent généralement pas de gants. Moi, j'étais le père Duval, alors on ménageait un peu ma réputation...
L'alcoolique marié, sa femme le voit boire, elle pleure et le sermonne: il ne s'arrête pas, mais il sait que sa maladie fait problème. Moi, j'étais en voyage et personne ne me criait: "Casse-cou." Mais enfin, direz-vous les gens devaient bien s'en rendre compte pendant vos récitals? Pas du tout. Je n'ai jamais été soûl. Jamais. Et toute la journée qui précédait le récital, je ne buvais pas.

Pourquoi?

Pour être on pleine possession de moi-même. J'étais d'une conscience professionnelle scrupuleuse. Que l'on soit curé, pilote d'avion ou ouvrier d'usine, la conscience professionnelle c'est ce qui s'en va en dernier. Après la santé, après la joie... Quand elle s'en va, c'est que la mort est proche... Ou que l'on va se soigner.

Le père Duval s'est tu. Il est allé prendre sa guitare posée sur son lit, en a tiré quelques accords avant de reprendre en jetant un regard sur sa chambre.

Vous avez tout ici... J'étais assis à ce bureau, les bouteilles, là à côté de moi; en face le lavabo où j'allais vomir et me regarder dans la glace. Tout me revient comme si c'était hier. Je descends l'escalier vers minuit avec des pas de chat. Treize ans après, je me souviens que la dernière marche avant le palier grinçait et je devais l'enjamber pour n'éveiller personne... J'ouvre la bouteille de vin, en tenant fortement le bouchon pour qu'il ne couine pas. Je bois au goulot. Je referme le placard. Je fais cinq pas dans le couloir pour remonter. Mais... je retourne au placard avant de remonter enfin chez moi, la mort dans l'âme. Et cette humiliante comédie peut se reproduire une nouvelle fois deux heures plus tard...
Insensiblement, je m'isole. Je ferme ma porte à clé, je ne réponds plus au téléphone. Quand on frappe à la porte, je n'ose plus répondre: "Entrez." Je retiens mon souffle et j'attends que les pas s'éloignent. Je m'enfermais, je m'emmurais... Tous les liens sont rompus.

Même les amitiés?

Les amis sont encore plus paumés que les autres. Ils ne vous reconnaissent plus. Vous leur échappez et ils vous échappent.

"Trouver à ce moment-là un bien portant qui parle d'alcool sans dire de bêtises est quasiment impossible", dites-vous?

C'est vrai.

Quelles bêtises? Par exemple, ne pas dire...

La pire des choses est de se taire. Si une femme assiste à la dégringolade de son mari, il faut qu'elle lui parle. Ne pas croire que ça va s'arranger. Ça ne s'arrange jamais. Lorsque quelqu'un est sur les rails de la maladie alcoolique, il ira jusqu'au bout sans s'arrêter aux stations. Mais s'ils parlent ensemble, tout peut être sauvé. S'ils se sont aimés au début, tout reviendra. Au long de quatorze années de sobriété, j'ai toujours vu ça. Je le dis d'expérience je n'ai même vu que ça! Si deux êtres se sont aimés, même si l'un des deux boit, s'ils continuent à se parler, rien n'est perdu.

Mais que dire à son mari qui boit?

Madame, si votre mari est alcoolique, parlez-lui! Dits-lui qu'il est malade. D'une maladie grave. Beaucoup plus grave qu'il ne le croît et que vous ne croyez. Il y a de la mort qui rôde. Dites-lui que le père Duval a failli se ficher en l'air parce que tout le monde se taisait. La médecins se taisaient. Ma famille se taisait. Mes supérieurs se taisaient. Mes amis se taisaient. Les bistrots se taisaient... Si vous, sa femme, ne lui dites rien, personne d'autre ne lui dira. Sur le moment, il vous donnera peut être une baffe: parce qu'il ne peut pas réagir autrement devant la vérité. Mais il ne vous on voudra jamais; au contraire, il vous en remerciera cent fois. Même s'il ne le manifeste pas. Il ne le peut pas encore. Mais en lui-même, il se dit: " Elle m'aime encore assez pour me dire une vérité douloureuse. Il n'y a que cette voie: celle de la vérité."

A un moment, père Duval, vous avez voulu mourir...

Oui... J'étais là à mon bureau. Ne pouvant plus me supporter tel que je suis ni supporter le monde tel qu'il est. J'ai voulu m'en aller vers les pays heureux.

Vous partiez sans peur?

Aucune. Quand on n'est qu'un petit bonhomme de bonne volonté, on n'a pas peur de mourir. Ma mère n'a pas eu peur... Enfin arriver à tout comprendre: le mal, la bêtise des gens et surtout la mystérieuse obstination de Dieu à se cacher. Comprendre le bien aussi, la beauté, le pardon, la tendresse...

Il y a du suicide dans l'alcool...

Toujours. Dans l'assoupissement qu'il provoque, il y a déjà comme un consentement à la mort où l'on s'en remet à Dieu si l'on est croyant. Ou à la vie ou à la terre...

Vous ne mourrez pas car quelqu'un arrivera. L'hôpital vous tirera d'affaire et, trois semaines plus tard, deux de vos amis vous conduiront dans la clinique du docteur Fouquet...

Un alcoologue qui me parle avec intelligence et amitié. Et, tout à coup, je comprends tout: je suis alcoolique! Mes malaises, mes angoisses, mes horribles nuits, c'était donc ça ?

Vous ne saviez toujours pas!

Aussi incompréhensible que cela paraisse, je ne le savais pas! Je vous le disais, je n'ai jamais été soûl, je buvais peu. L'alcoolique, du reste, n'est pas toujours un gros buveur. Mais, en réalité, la quantité importe guère. Ce qui compte, c'est la manière dont l'esprit et le foie accueillent l'alcool.

Nous n'allons pas reprendre toutes les étapes de votre guérison... Mais un jour vous avez su que vous sortiriez du trou. C'était le 20 mars 1970!

Ce jour-là, une jeune femme est venue me prendre à la porte de la clinique "Je m'appelle Christiane, je suis alcoolique et je viens vous chercher pour la réunion de ce soir." Je n'en revenais pas. Elle est alcoolique et elle le dit!
Je suis allé avec elle à cette réunion et, devant vingt hommes et femmes, tous plus jeunes que moi, j'ai dit pour la première fois: "Je m'appelle Lucien et je suis alcoolique." Si vous saviez le choc que l'on reçoit en disant ces mots! A haute voix! En public! Tout seul, je me le disais depuis un an, mais jamais je n'avais osé le dire, pas même à un copain quand j'étais revenu à Nancy. Pour la première fois enfin, publiquement, je fondais ma vie sur cette vérité. Vérité douloureuse, mais vérité capitale : "Je m'appelle Lucien et je suis alcoolique."

Et à partir de ce moment-là, quelque chose se passe...

Quelque chose de très mystérieux... Cette vérité qui était trop lourde pour soi tout seul on la porte maintenant avec d'autres. "Je m'appelle Lucien et je suis alcoolique." Et les autres me regardent. Et nous scellons une amitié, à la vie et à la mort. Un respect à la vie et à la mort. Une confiance à la vie et à la mort. Quelque chose de monumental se fissurait dans ma tête: la honte. Et puis la raideur. Et puis le désespoir... Fabuleux! Comme si nous autres chrétiens qui n'avons pas assez de courage, nous nous mettions à dire devant la communauté rassemblée:
- Je tiens à avouer que j'ai volé 1000F!
- Que j'ai humilié mon voisin!
- Que j'ai été dédaigneux et fricailleur !
- Que j'ai trompé n'a femme. Je lui ai d'ailleurs demandé pardon, mais j'en demande aussi pardon à la communauté !
Le jour où les chrétiens se mettront à vivre comme ça, il y aura une révolution, je vous préviens!

Nous guérirons aussi... Comme guérit l'alcoolique!

A coup sûr. On serait guéri de la peur, de la méfiance... De la peur des autres, de la peur de leur jugement sur nous. L'humilité guérit de tout. Cela nous a été dit d'ailleurs: "Celui qui s'abaisse sera élevé." Si l'on ne comprend pas, qu'on essaie!

Être humble, mais s'aimer! S'aimer soi-même. Ce que conseille Pierre, alcoolique guéri, dès votre première rencontre, je crois: "Aime-toi, Lucien."

Ah oui! S'aimer soi-même... Pierre avait bien vu où était le nœud de ma maladie. C'est dangereux d'être pris par la frénésie de faire du bien aux autres, car à trop jouer au Saint-Bernard on risque de picoler au tonneau, en pleurant sur le sort de naufragés. "Aime-toi, Lucien."
J'avais tout à apprendre de cette sagesse. Il faut aimer la pauvre bête qui est en nous.

On ne vous avait pas appris ça?

Jamais. Ni ma mère ni surtout les jésuites.

Mais à votre mère non plus on ne l'avait pas appris...

Non, mais elle était très équilibrée. Tout son bonheur réel était d'aimer ses enfants qui le lui rendaient bien. Tandis que moi, je vivais aux dépens de mon bonheur... Contre mon bonheur.

Et les jésuites n'avaient rien arrangé...

Ne dites pas les jésuites. Dites certains jésuites. Un père directeur en particulier. Je sortais d'un milieu pauvre et humilié. Or, au lieu de me dire: "Tu n'es qu'un fils de paysan mais sois-en fier; tu as reçu la vocation de Jésus-Christ, alors vas prêcher l'évangile!", on me forçait à m'humilier encore plus en m'obligeant, par exemple, à me mettre à genoux devant tout le monde, pour avoir marché trop vite dans un couloir, ou pour avoir eu un regard de travers... Pour de telles bêtises, de telles gamineries, il parlait avec l'autorité de Dieu!
Alors, à la timidité répond la méfiance. A la méfiance la fuite. A la fuite, une méfiance plus grande encore...

Jusqu'à la fuite dans l'alcool?

Justement... Et j'ai continué de souffrir de cette insécurité de lièvre, même plus tard quand je chantais. Dans cette insécurité il y avait l'essentiel de ma maladie. Mais qu'y pouvais-je? J'étais bâti comme ça... Pour me faire insécuriser par des gens peu intelligents. On ne devient pas alcoolique à cause des choses mais à cause des gens. Ni par vice... Mais parce qu'on ne peut pas faire autrement.
Parce qu'on est fragile... Et parce qu'on n'a pas eu son compte de ciment au moment où l'on construisait sa maison, elle restera toujours friable.

Pourtant, vous avez eu une enfance heureuse, vous avez été aimé...

Une enfance très heureuse, oui. Ce n'était pas la vie elle-même qui me faisait peur. Ni la mort chez un voisin. Ni un incendie chez un cousin. Ni la tempête qui couchait les blés. Ces choses-là ne peuvent faire un alcoolique. Elles ne s'attaquent pas à l'âme... L'insécurité est venue plus tard. Quand je me suis retrouvé dans la ville, à l'école, puis au collège, puis chez les jésuites...

Mais sans cette insécurité, vous n'auriez peut-être pas trouvé les mots, ni la musique pour les chanter...

Évidemment. Et je n'aurais pas aimé Jésus-Christ comme je l'aime. Je ne regrette rien de ce qui s'est passé, pour devenir ce que je suis. Le petit gamin avait raison de rêver en regardant la lune quand un maître d'école le poussait aux larmes, quand un libraire ricanait de son petit bon Dieu, quand un père supérieur l'humiliait en le faisant mettre à genoux... L'homme à la guitare aussi avait raison, lui qui rêvait de gens qui ne soient pas durs entre eux, qui ne trichent pas sur leur vraie valeur, pour qui les difficultés soient légères aux épaules fragiles... Ce rêve, aujourd'hui, est devenu réalité grâce aux alcooliques que j'ai rencontrés.

Ainsi, l'alcoolisme serait une maladie de l'âme. Une maladie mystique comme vous l'écrivez...

Le mystique c'est celui qui voit la face cachée de la lune, la face cachée de la terre qu'est le ciel. Ce que voit l'alcoolique précisément. Et s'il devient méchant ou s'il devient triste, c'est parce qu'il ne peut mettre en accord ce qu'il rêve et ce qu'il fait. Ce qu'il rêve et ce qu'il voit.

Je ne regrette rien de ce qui s'est passé, me disiez-vous tout à l'heure...

C'est vrai. C'est la plus grande grâce qui m'ait été faite finalement. Avec le baptême qui m'a donné la foi.

Plus que l'aventure de la chanson?

La chanson n'est rien à côté de ce que j'ai vécu avec l'alcool! La chanson c'est l'itinéraire de quelqu'un qui vit, qui marche, qui se fait applaudir. Avec l'alcool j'étais mort... Et je suis ressuscité. Tous les alcooliques, morts et ressuscités comme moi, comprennent très bien ce que je dis.

Aujourd'hui, père Duval, vous aidez d'autres alcooliques à ressusciter...

J'essaie. Je suis là pour eux... Pour les écouter, parler avec eux. Je vais d'ailleurs bientôt créer un "SOS alcool". Je vous en parle pour la première fois! Un numéro de téléphone où l'on pourra m'appeler. Toute la nuit. Car, par expérience, je sais que la nuit est terrible pour un alcoolique, c'est l'heure où le désespoir attaque.

Vous chantez encore?

Mais oui... Ce matin encore, on m'a écrit pour me demander d'aller chanter à Châtenay-Malabry le 22 mars et j'ai répondu oui. Je chante toujours. Gratuitement. Toujours gratuitement...

L'argent ne vous intéresse pas...

S'il m'avait intéressé, je ne serais pas devenu alcoolique. On ne peut pas aimer Dieu et l'argent... Mais on peut aimer Dieu et l'alcool. Si j'aimais l'argent, j'aurais aussi choisi un grand éditeur parisien pour publier mon livre... J'ai eu des propositions d'une très grosse maison d'édition, mais j'ai dit non.

Justement, pourquoi avoir choisi un petit éditeur comme Salvator?

Pour rester petit et montrer que le fric ne suffit pas à tout. Que la force et le rayonnement de la vérité peuvent se passer de lui...

Du temps qui vous reste maintenant, que ferez-vous?

Je ne fais pas de projets car, dans ma vie, tout a toujours tourné autrement que je ne le prévoyais. L'aventure de la chanson a été totalement imprévue, non voulue, on m'a dit de chanter et j'ai chanté! Et puis, le Bon Dieu m'a laissé tomber dans l'alcool et le désespoir: j'ai bu et désespéré au point de vouloir mourir! Maintenant, je m'aperçois qu'il y a des copains à aider, alors je les aide! Demain, je verrai bien...

Vous n'avez jamais douté de Dieu...

Jamais. Et plus j'avance, plus je crois en lui... Parce qu'il m'a sauvé de ma demi folie et de la mort.





dilluns, 29 d’abril del 2024

Cicatrius del cor




A la primera frase del darrer paràgraf del seu bell conte de 1911 "Das Nachtpfauenauge" ("El gran paó de nit" en la traducció catalana de Pilar Estelrich publicada dins de Els contes més bells, Edicions de la Magrana, Barcelona 2003), Hermann Hesse diu: "Aleshores vaig veure per primera vegada que no es pot tornar a reparar allò que s'ha fet malbé." ("Da sah ich zum erstenmal, dass man nichts wieder gut machen kann, was einmal verdorben ist").

És així. I llavors apareix una cicatriu al cor (a la part emocional de la ment). Una cicatriu que es cura, que deixa de sagnar, però que no desapareix mai més.

El nostre cor conserva aquestes cicatrius d'allò que hem fet malbé, i que no podrem reparar.



diumenge, 28 d’abril del 2024

Sagarra: Vinyes verdes vora el mar


Sunyer 1920


"Vinyes verdes vora el mar,

ara que el vent no remuga,

us feu més verdes i encar

teniu la fulla poruga,

vinyes verdes vora el mar.


Vinyes verdes del coster,

sou més fines que la userda.

Verd vora el blau mariner

vinyes amb la fruita verda,

vinyes verdes del coster.


Vinyes verdes, dolç repòs,

vora la vela que passa;

cap al mar vincleu el cos

sense decantar-vos massa,

vinyes verdes, dolç repòs.


Vinyes verdes, soledat

del verd en l'hora calenta.

Raïm i cep retallat

damunt la terra lluenta;

vinyes verdes, soledat.


Vinyes que dieu adéu

al llagut i a la gavina,

i al fi serrellet de neu

que ara neix i que ara fina...

Vinyes que dieu adéu!


Vinyes verdes del meu cor...

Dins del cep s'adorm la tarda,

raïm negre, pàmpol d'or,

aigua, penyal i basarda.

Vinyes verdes del meu cor...


Vinyes verdes vora el mar,

verdes a punta de dia,

verd suau de cap al tard...

Feu-nos sempre companyia,

vinyes verdes vora el mar!"


Josep M. de Sagarra (a Cançons de rem i vela, 1923)



dissabte, 27 d’abril del 2024

Sobre música clàssica: instruments



Twombly 1961


Un aspecte rellevant i útil de cara a una millor irrupció en l'àmbit de la música clàssica és familiaritzar-se amb el so dels instruments i formacions bàsics, així com amb els gèneres més utilitzats.

Instruments: piano, violí, viola, violoncel, contrabaix, flauta, flautí, oboè, corn anglès, clarinet, fagot, trompeta, trompa, tuba, timbales, arpa, orgue, clavicèmbal, celesta, guitarra. Les famílies d’instruments (corda, fusta, metall, percussió d’alçada no definida i d’alçada definida)

Formacions: violí i piano, violoncel i piano, veu i piano, trio amb piano, quartet de corda, grups de metalls, orquestra, cor, instruments i veus amb orquestra. També trio de corda, quintets, sextets, septets, octets. És interessant la distinció entre orquestra de cambra i orquestra simfònica.

Gèneres: música de cambra (petita formació instrumental), concert (diàleg d'un instrument solista, normalment piano, violí o violoncel, amb una orquestra; “la confrontació, el diàleg i la conjunció”), simfonia (gran formació instrumental; “les harmonies de l’univers”), lied, òpera (“l’espectacle total”), música litúrgica o sagrada (rèquiems, Stabat Maters, passions, cantates, misses, oratoris…).




divendres, 26 d’abril del 2024

Cant per Montserrat





Amb la melodia de l'Al·leluia de Leonard Cohen:


"És de potent conglomerat
i s'anomena Montserrat,
a dins hi té el seu lloc la Moreneta;
gris, verd i blau s'hi fan costat,
de meravella és un esclat,
ens mou a proclamar un al·leluia!

Al·leluia, al·leluia;
al·leluia, al·leluia!

La pedra grisa apunta al cel,
la gent hi troba el seu anhel,
s'hi viu la pau al cor que tant ens manca;
dels catalans és referent,
i qui s'hi apropa hi troba el vent
de l'esperit que a tots ens arrabassa!

Al·leluia, al·leluia;
al·leluia, al·leluia!

Alguns la joia, altres el plor,
hi fan enlairar el seu ressò,
espai d'acolliment que ens asserena;
que sigui lloc de germanor,
que canti el cor tant d'esplendor,
que mogui a tothom a la pregària!

Al·leluia, al·leluia;
al·leluia, al·leluia!

Pelegrinatge compartit
per deixar enrere tot neguit
i beure d'aquesta font d'esperança;
sentir l'escalfor dins del pit,
buidar el cor de tanta nit,
amarar-se de llum per tota banda!

Al·leluia, al·leluia;
al·leluia, al·leluia!

És bo trobar-s'hi arrecerat,
indret que mou a santedat,
aquí el cant esdevé una gran lloança;
per viure la fraternitat
per alçar els ulls a la bondat
allà on l'harmonia és proclamada!

Al·leluia, al·leluia;
al·leluia, al·leluia!


(text de Raimon Ribera, abril de 2024)



dijous, 25 d’abril del 2024

Krishnamurti i l'observació



Hernández Pijuan 2000



"Estem observant, no esperant, no esperant que passi alguna cosa, sinó només observant sense fi. En aquesta observació hi ha un aprendre, no l'acumulació del coneixement mitjançant l'aprenentatge -la qual cosa és gairebé mecànica- sinó una observació atenta, una observació no superficial sinó profunda, viva i afectuosa; llavors no hi ha un observador. Quan hi ha un observador, aquest és merament el passat que observa, i això no és observar sinó només recordar, i és més aviat una cosa morta. L'observació és quelcom tremendament vital, un buit a cada instant."


J. Krishnamurti a El darrer diari, entrada del 06.05.1983



dimecres, 24 d’abril del 2024

Transmissió suficient de la tradició




Bissier 1958



Entenem per "tradició" aquells productes culturals preexistents que una generació ha considerat com a mereixedors de ser coneguts i valorats per la pròpia generació i per altres generacions futures. Coses fetes per generacions anteriors que una determinada generació valora i creu digne de ser transmès a properes generacions.

La "tradició" és enriquida a posteriori per allò no heretat que una generació produeix i que una generació posterior considera digne de ser incorporat a la tradició.

Alhora, cada generació revisa l'herència, i coses fins llavors considerades com a tradició poden ser eliminades de la mateixa. Alhora, una generació pot reincorporar a la tradició coses que una generació anterior havia suprimit. D'aquí la importància de mantenir el màxim de fonts sempre disponibles.


Entenem per "transmissió" l'activitat de fer arribar uns coneixements i experiències a gent que no les té, a les noves generacions. Es tracta d'una difusió deliberada i no demanada d'aquests coneixements i experiències. Va més enllà de tenir coses a disposició de qui s'hi interessi.


Entenem per "suficient" una transmissió, selectiva, limitada al necessari per crear un lligam, un vincle entre la generació receptora i la tradició. Un vincle caracteritzat per la complicitat, la connexió, la continuïtat, l'admiració, l'agraïment. Que generi una certa "veneració dels avantpassats" i que aquesta veneració passi a ser un dels components de la pròpia cultura.

Simultàniament amb la creació d'aquest vincle, la transmissió suficient ha de fer veure i viure a la generació receptora que la gràcia i el sentit de l'existència es troben en l'àmbit de la cultura, amb les seves múltiples facetes (concepció del món, art, espiritualitat...).


El conjunt de la tradició només pot ser conegut pel col·lectiu d'especialistes que el preserven i el fan abastable. La transmissió suficient de la tradició es limita a fer arribar al conjunt de la població la part de la tradició necessària per generar les dues dinàmiques assenyalades: generar un vincle real amb el passat i valorar la cultura com a dimensió clau a l'hora de donar riquesa i sentit a l'experiència humana.


Cal fer bandera d'aquesta transmissió suficient de la tradició en un context socio-cultural que de vegades sembla menysprear o com a mínim voler ignorar l'herència del passat, emmirallada com està per un futur d'innovació tecnològica que sembla l'únic capaç d'aportar respostes i sentit. O que considera l'interès per la tradició com una opció voluntària d'aquells que desitgin apropar-s'hi, ignorant que aquest desig no pot néixer espontàniament ni casualment, que necessita ser promogut.


Formarien part de la tradició, com assenyalàvem, tres grans àmbits: concepció del món, art i espiritualitat. Dins de la concepció del món hi podem ubicar el coneixement de la història, dels conceptes científics fonamentals tant de les ciències exactes com de les naturals i les socials (sociologia, economia, política, psicologia social...), els grans àmbits de la filosofia (teoria del coneixement, estètica, ètica, filosofia de la ciència, filosofia social, antropologia filosòfica...), l'antropologia cultural, la psicologia... Dins de l'art hi podem ubicar la música, la literatura, la pintura, l'escultura, l'arquitectura, les arts escèniques (teatre, dansa...), el cinema, la fotografia... I dins de l'espiritualitat hi podem ubicar el coneixement de les tradicions religioses (ancestrals, xinesa, hindú, buddhista, judaica, cristiana, islàmica...), el diàleg interreligiós i el món del silenci, la indagació de la interioritat, la mística...




dimarts, 23 d’abril del 2024

Logos



Denis 1913


"Tant el Logos com la seva expressió en Jesús i Jesús mateix els hem d'entendre d'una forma dinàmica. Així el Logos és pura acció, i en l'acció té la raó de ser i en ella es manifesta als homes: és l'acció manifestativa i comunicativa de Déu. Això esborra tota possibilitat de concebre'l com un Déu al costat de Déu, així com de concebre'l com a creat (arians) o emanat de Déu (Orígenes). El Logos és Déu mateix en tant que Déu parla. Així podem concebre Déu sense o al marge del Logos, però no aquest sense aquell. No es tracta de dos éssers, sinó d'un sol ésser, el de Déu, en el qual el Logos n'expressa una funció. I, com diu Cullmann, "en tant que el Logos és Déu que es revela, que es comunica en la seva acció, i en tant que el Nou Testament té per sol objecte aquesta acció, tota especulació abstracta sobre les "naturaleses" de Crist és no solament una tasca vana, sinó un refús de tenir en compte el fet que en virtut de la mateixa naturalesa del Logos hom no en pot parlar si no és per referència a l'acció de Déu.""


Jordi Llimona Jesús de Natzaret. Assaig d'aproximació als orígens (1980, Edicions 62, p. 313).



dilluns, 22 d’abril del 2024

Espriu: Senyor sant Jordi



Dürer 1504


«Senyor sant Jordi,
patró,
cavaller sense por,
guarda’ns sempre
del crim
de la guerra civil.
Allibera’ns dels nostres
pecats
d’avarícia i enveja,
del drac
de la ira i de l’odi
entre germans,
de tot altre mal.
Ajuda’ns a merèixer
la pau
i salva la parla
de la gent
catalana.
Amén.»


Salvador Espriu (abril 1968)



diumenge, 21 d’abril del 2024

Formació reflexiva



Kupka 1935


"Patim un retrocés del racionalisme i l'humanisme que inclou moltes esferes de la nostra societat, amb conseqüències funestes per a la salut democràtica. La cultura de l'immediat, impulsada per les noves tecnologies, redueix la capacitat de reflexió. Paradoxalment, hem acceptat entrar en l'era del coneixement expulsant la formació reflexiva. No és, doncs, gratuït el desenvolupament de conflictes vinculats amb el nacionalisme o les religions o l'auge de les pseudociències, les posicions fonamentalistes i excloents, que interpel·len més les emocions i pensaments premeditats que els coneixements basats en la ciència. Com deia Keynes, "tard o d'hora són les idees i no els interessos creats les que presenten perills, tant per bé com per mal". El repte no és menor."



Eloi Serrano al Diners de La Vanguardia de 2.04.2024




dissabte, 20 d’abril del 2024

Sobre música clàssica: admiració



Twombly 1961


“Em sabria greu haver només entretingut als meus oients;
voldria aconseguir que fossin millors”
Haendel

“En música tot procedeix de la idea i tot ens condueix a ella”
Beethoven

“A la música hi ha quelcom més que la melodia i quelcom més que l’harmonia”
Verdi

“La música comença on acaben les paraules”
Wagner


La música clàssica és una de les grans meravelles que ha generat la humanitat, un dels més alts fruits de la cultura. Mereix admiració. Té capacitat de generar entusiasme, d'aportar bellesa i de fer viure estats d'ànim, emocions i sentiments per molts dels quals no tenim ni paraules per designar-los. És una de les formes més desenvolupades, sofisticades i abstractes de l'art. Té capacitat per a transmetre i crear formes i emocions, però també altres “coses” més difícilment etiquetables (potser en podríem dir "arquitectures temporals abstractes"...). Val la pena fer-li un espai en la nostra vida, dedicar-hi temps: és font de goig i d'enriquiment de la sensibilitat.




divendres, 19 d’abril del 2024

Benigne, misericordiós





Una de les expressions islàmiques més utilitzades és "En nom de Déu, el Benigne, el Misericordiós".

A la revista Dialogal de la primavera del 2002, Yaratullah Monturiol en feia la següent interessant explicació:

"Bismil-lahi r-Rahmani r-Rahim: en el nom d'Al·là, el Rahman, el Rahim. Ar-Rahman i ar-Rahim són noms d'Al·là que deriven de la paraula rahma: úter, principi, font, misericòrdia. Són dues formes de la mateixa arrel, i entre els seus significats el més proper és el d'"origen de l'existència". Rahman es refereix a l'atribut diví que engloba tots els altres atributs i Rahim es refereix a la seva vinculació amb allò creat (Rahman: que es manté en equilibri en el seu tron [Alcorà 20:5]; Rahim: Ell és molt Compassiu amb els creients [Alcorà 33:43])."


Aprofitem per comentar un aspecte important de la traducció de l'Alcorà i dels textos islàmics en general. Com s'ha de traduir i com s'ha d'escriure en català en terme Al·là?

Uns opten per "Déu". És encertat i evita donar la impressió que Al·là és un altre Déu, un Déu diferent del Déu cristià, podríem dir. Els textos islàmics resulten més propers i significatius si emprem el terme "Déu".

Altres prefereixen deixar Al·là, que sembla ser la transcripció correcta en català. Personalment, quan cal emprar aquest terme, m'estimo més la grafia "Al·lah", més propera a la fonètica original, amb una expiració al final i fent la primera "a" ben neutra.

Trobo significatiu que l'atribut que engloba els altres atributs divins sigui "el que es manté en equilibri en el seu tron": el que manté sempre la serenitat, el que no trontolla, el ferm, el tranquil...




dijous, 18 d’abril del 2024

Martí i Pol: Quasi homenatge




Hernández Pijuan 1991


"Envelliran els llibres i potser 
no els llegirà ningú, però la carn 
no serà pas menys trista. Desaprendre 
tan de futur és una tasca dura 
i també ho és assajar de fer un nus 
amb la corda del temps per recordar 
que encara no has viscut i ja s'apropa, 
furtiu i descaradament solemne, 
el desenllaç. Toca el mar amb els ulls 
cansats de no mirar i esborra els signes 
de qualsevol complaença; que sigui 
tot tan dur i tremolés que ja no puguis 
recular més sense negar-te. Ara 
potser ja res no compta, només l'arbre 
que preserva l'espai de les ventades 
contradient el ritme de les coses, 
o la sageta que desfà camí 
i és un repte de llum que t'assenyala 
i esperes amb temor i amb alegria. 

Envelliran llibres i molt més 
hauràs envellit tu quan, mig escèptic, 
mig resignat, recullis el farcell 
d'enganys i desenganys i, altiu, contemplis 
la immensitat amb la mirada neta 
de turpituds i angoixes, tal vegada 
estrafent sense ganes aquell gest 
de revolta que ben pocs han comprès 
però t'ha acompanyat tota la vida."


Miquel Martí i Pol a Un hivern plàcid (1991-1993) 



dimecres, 17 d’abril del 2024

Encaparrats




Jawlensky 1937


"Una deixeble va decidir escometre el Mestre obertament.

"Però creieu que hi ha vida després de la mort? Sí o no?", preguntà.

"És estrany que tots us encaparreu tant amb aquest tema!", exclamà el Mestre.

"I per què ho trobeu estrany?"

"Amb aquest dia preciós de primavera que teniu al davant!", digué el Mestre assenyalant la finestra. "Sou com un nen que avui no vol menjar perquè no sap què li portarà el demà. Esteu afamats. Mengeu el vostre pa de cada dia!"


Anthony de Mello a Uns moments per a l'absurd



dimarts, 16 d’abril del 2024

Expressió



Uglow 1976


"L'expressió de la realitat divina és sempre fragmentària, parcial i simbòlica."


Fèlix Martí a Notes d'una tardor 2021-2022, p. 38.



dilluns, 15 d’abril del 2024

Del vent i del llamp





Hi ha qui diu que en vell xinès el terme "intel·lectual" es traduïa com: "l'home del vent i del llamp".

És suggeridor, inspirador...




diumenge, 14 d’abril del 2024

Sales: Dedicatòria IV




Sunyer 1932


"Déu dels vençuts, dels sants, dels moribunds, dels pobres,
si no et segueixo a Tu, doncs, ¿a qui seguiré?
Als que han mort per la seva Pàtria terrena, sé
que les portes d'una altra Pàtria més seva els obres.

Com un raïm els teus botxins t'han espremut
i es juguen a la morra la túnica inconsútil.
Alquímia de la Creu, Tu, Vençut que has vençut,
de l'aigua del dolor fas un vi de salut.
¡No hi ha combat estèril ni sacrifici inútil!

Sempre t'he vist, al fons dels horitzons, més alt
que el tedèum dels Cèsars i l'encens dels Caifassos.
He errat, fugint de Tu, fins que els peus m'han fet mal;
¡tots els camins tenien el rastre dels teus passos!"


Joan SalesViatge d'un moribund, Barcelona, 1951.



dissabte, 13 d’abril del 2024

Invitació a Al-Hal·ladj



(Música 1: "Taksim Makam Nihavend"; Kudsi Erguner, ney. Maison des Cultures du Monde / Audivis W 260021 [1.1])

Evocarem ara una història que s'esdevingué en els temps en que Catalunya era una terra de frontera entre l'Imperi carolingi i l'Islam.
Quan a Girona era l'any 857 després del naixement de Jesús i a Lleida el 244 després de l'hègira de Muhammad, nasqué a la vila de Fars de Tur, prop de Beïza, a les terres de l'Iran, un nen anomenat Husayn-ibn-Mansur, fill d'un cardador de llana, el qual, amb el temps, acabaria essent anomenat Hal·ladj al-asrar, "el cardador del més íntim secret de les consciències".
Quan ell encara era un infant, la seva família es traslladà a Wasit, prop del riu Tigris, i és allà on el petit Husayn aprengué l'àrab i s'endinsà en el coneixement de l'Alcorà. El seu primer mestre fou Sahl, de Tustar, però quan Husayn tingué vint anys el deixà i se'n anà a la ciutat de Basra, on s'incorporà a una fraternitat sufí dirigida pel mestre 'Amr Makki.
Aturem ara, però, un moment la nostra història perquè aquí algú potser es preguntarà si hem fet bé en dir sufí o bé havíem d'haver dit "sufi". De fet, potser tan se val; "sufi" deu ser tal com es diu en àrab, però entre nosaltres s'ha popularitzat tant dir sufí que aquesta és la versió que recullen els diccionaris.
És més interessant, en canvi, fer una breu referència a l'origen d'aquest terme. Tampoc aquí hi ha una sola resposta; hi ha qui creu que ve de "suf", llana, pel teixit amb el qual es cobrien els sufís, i hi ha qui pensa que el so SUF té especials efectes sobre la ment humana, tal com passa amb el so OM. Aneu a saber, potser no és cap d'aquestes dues interpretacions, però totes dues són prou boniques i suggerents.
El cas és que, contra l'opinió del mestre Makki, Hal·ladj es casa amb Umm al-Husayn, del clan xiïta dels Mujashi. Sembla ser que fou un matrimoni feliç, monògam, amb tres fills i una filla.
La política irromp, però, aviat en la vida d'Al-Hal·ladj: la tensió entre el seu mestre i l'adscripció xiïta del clan de la seva dona -tot i que ell fou sempre un sunnita-, juntament amb la derrota de la rebel·lió xiïta Zanj, el porten a fer la seva primera peregrinació a la Meca, on romangué un any fent dejuni i silenci.
Un any fent dejuni i silenci és molt de temps, i no és estrany que l'esperit d'Al-Hal·ladj recorregués en aquest temps llargues distàncies. Distàncies recorregudes per apropar-se, per trobar-se, per unir-se amb Déu. Halladj fa una experiència d'unitat que ja no l'abandonarà mai.
No es tracta d'una unitat fàcil, còmoda, un bonic afegit a la seva experiència vital. És una unitat radical, central, trasbalsadora, que commou els fonaments. Una unitat feta de tensió, una unitat que alhora el destrueix i el realitza. Una unitat viscuda amb una gran passió i exaltació; ell s'inflama en la seva recerca, en la seva vivència.
Començarem a escoltar les seves paraules amb un contundent i aclaparador poema. Un poema on, com en un fresc desbordant, diverses experiències, sentiments i estats d'ànim s'encavalquen. El Senyor és la seva plenitud i la seva destrucció; és evident i és amagat; és la seva exigència i la seva esperança. Aquesta vivència polaritzada, esqueixada i contradictòria de l'experiència divina ha de ser subratllada, ja que ens dona una pista important per a la nostra pròpia experiència i ens pot ajudar a evitar sorpreses i camins equivocats. Fixem-nos-hi:

"Aquí em tens, aquí em tens,
secret meu i confidència meva!
Aquí em tens, aquí em tens,
la meva meta i el meu sentit!
Jo Et crido... No! Ets Tu qui em crida cap a Tu!
Com t'hauria pogut invocar dient "ets Tu"
si Tu no m'haguessis xiuxiuejat "sóc Jo"?

Oh essència de l'essència de la meva existència,
oh terme del meu intent,
oh Tu, la meva elocució, els meus enunciats i els meus balbuceigs!
Oh tot del meu tot, oh oïda meva i vista meva,
oh la meva totalitat, la meva composició, les meves parts!
Oh tot del meu tot,
però el tot d'un tot és un enigma
i és el tot del meu tot
que jo enfosqueixo en voler-lo expressar!
Oh tu en qui s'havia agafat el meu esperit,
morint ja d'èxtasi, vet aquí convertit
en la seva penyora en la meva dificultat!
(...)
Què faré amb aquest Amant que em té fascinat, oh Senyor!
La meva malaltia ha esgotat els meus metges.
Em diuen: "Guareix-te amb Ell!"
Però jo dic: "Pot algú guarir d'un mal
amb aquest mateix mal?"
El meu amor pel meu Senyor m'ha arruïnat i m'ha consumit,
com em podria queixar al meu Senyor del meu Senyor?
Certament, jo l'entreveig, i el meu cor el coneix,
però res no el sabria expressar llevat dels meus parpelleigs.
Desgraciat és el meu esperit per culpa del meu esperit,
ai de mi per culpa de mi,
jo sóc l'origen mateix de la meva desgràcia!
Sóc com un nàufrag a l'alta mar
de qui només els dits sorgeixen demanant ajuda.
Ningú no sap què em passa,
només Aquell que s'ha ficat dins el meu cor.
Ell coneix bé quin mal m'ha escomès,
i del Seu voler depèn que jo mori i revisqui!
Suprema exigència i esperança,
hoste meu, vida del meu esperit,
fe meva i part meva d'aquest món!
Digues-me: "T'he rescatat".
Oïda meva, vista meva!
Quan arribarà la fi del meu tan gran allunyament?
Encara que t'amaguis als meus dos ulls en l'invisible,
el meu cor observa el teu clarejar,
en la distància, des de lluny."
I com el pacient dibuixant que, traç a traç, va donant forma a un rostre, de mica en mica Hal·ladj va perfilant i precisant la seva vivència de Déu. Llegirem a continuació, per anar-nos endinsant en el seu llenguatge, tres poemes on parla de la seva vivència del Senyor. No és aquí el lloc per a fer precisions sobre el rigor teològic o la consistència teòrica d'aquest llenguatge. El que ens interessa ara és mirar d'anar, en la mesura del possible, més enllà del llenguatge específic que ell fa servir i procurar captar què ens vol dir, quina experiència vital ens transmet.
En el primer dels tres poemes, Hal·ladj subratlla com troba Déu arreu i d'una manera directa, no pas a través de la conjectura o la imaginació:
"Déu, l'Íntim de les consciències,
s'amaga, deixant traces intel·ligibles,
pel cantó de l'horitzó, sota plecs de llum.
Però, com?
El "com" només es concep des de l'exterior,
mentre que l'interior del misteri,
és en l'Essència Divina per Ella mateixa.
Les criatures s'extravien en una nit tenebrosa
cercant-Te, i només perceben al·lusions.
Es dirigeixen cap a Déu a través de la conjectura i de la imaginació
i, mirant cap a l'atmosfera, interpel·len els cels.
Doncs bé, el Senyor és entre elles,
en cada esdeveniment, en tots els seus estats,
en cada moment.
Si sabessin, no es retirarien d'Ell
ni el temps d'un parpelleig!
Ja que Ell no es retira mai d'elles, no,
en cap moment.
I el seu Aspecte, enmig de les seves criatures,
pot ser reconegut per l'Iniciat,
gràcies a miracles i a signes."

En el poema següent veiem com Déu esdevé la seva única dedicació, la seva única realitat:

"Tinc dos vigies, les meves oïdes,
que constaten que T'estimo,
i dos més, els meus ulls,
que constaten que Tu em mires.

Cap més pensament que Tu
travessa la meva intimitat.
La meva llengua no diu res, llevat del Teu amor.

Si miro cap a l'est, Tu n'ets l'orient;
si miro cap a l'oest, Tu ets dret davant meu;
si miro amunt, Tu ets sobre meu;
si miro avall, Tu ets per tot arreu.

Ets Tu qui dóna a tot el seu lloc
sense localitzar-T'hi,
Tu ets en tot el tot, sense ser perible.

Ets el meu cor i el meu esperit,
la meva consciència i la meva inspiració,
i el ritme del meu alè,
i el nus del meu organisme."

Finalment, en el tercer poema, Hal·ladj ens parla del caràcter il·localitzable, inimaginable de Déu:
"He vist el meu Senyor amb l'ull del cor
i Li he dit: "Qui ets?"
Ell m'ha dit: "Tu!".
Però, per a Tu, l'"on" ja no té lloc,
no hi ha "on", quan es tracta de Tu!
I la imaginació no té imatges procedents de Tu
que li permetin apropar-se allà on Tu ets!
Si Tu ets Aquell que abraça tot lloc,
fins al més enllà del lloc,
on doncs ets, Tu?"

Com ja hem dit, a partir de la seva primera anada a la Meca l'experiència interior d'Al-Hal·ladj s'aferma i, en tornar a Ahwaz, es veu ja en cor de començar la seva predicació pública. Li arriben els primers deixebles, i també el conflicte definitiu amb el seu mestre 'Amr Makki, partidari, com la majoria dels sufís, de guardar per a la intimitat personal i del petit grup d'iniciats les descobertes espirituals. Ell, en canvi, proclama públicament la unitat de l'home i Déu:
"El teu esperit s'ha barrejat amb el meu esperit
com l'àmbar es fon amb el mesc.
Si sE't toca, se'm toca;
així, Tu, ets jo, ja no hi ha separació."

- - -

"El teu Esperit s'ha barrejat amb el meu esperit
com es barreja el vi amb l'aigua pura.
Així que alguna cosa Et toca, em toca a mi!
Així doncs, Tu, ets jo, en tot!"

- - -

"Ah! Sóc jo, ets Tu?
Això faria dos déus.
Lluny de mi, lluny de mi el pensament d'afirmar "dos"!"

- - -
"Oh Tu, que ets la Reunió del tot,
ja no ets "un altre" per a mi,
sinó que ets "jo mateix"!

- - -

"El teu Esperit s'ha barrejat a poc a poc amb el meu Esperit,
fent alternar apropaments i abandonaments.
I ara jo sóc Tu mateix,
la Teva existència és la meva, i és també el meu voler."

- - -

"Oh, tu que planteges preguntes sobre la nostra aventura;
si ens haguessis vist, ja no ens podries diferenciar.
M'he convertit en Aquell a qui estimo,
i Aquell a qui estimo s'ha tornat jo.
Som dos esperits infosos en un sol cos.
(...)
Quan tu m'has vist, L'has vist,
i quan L'has vist, ens has vist.
El Seu esperit és el meu esperit
i el meu esperit és el Seu esperit;
som dos esperits vivint en un sol cos."

Aquesta revelació, aquesta expressió oberta de l'experiència d'intimitat amb Déu, ofen els sufís, que en feien un secret sagrat propi dels ordes; i ofen la llei islàmica, que considera Déu inaccessible per l'home. Halladj empren un solitari camí de fidelitat a la veritat; vol que cadascú trobi Déu en el fons de la seva ànima, i considera que els ritus són intermediaris que cal deixar enrere per a degustar la realitat divina.
Les postures respecte d'ell es radicalitzen; rep molts suports, però també moltes crítiques i acusacions. Finalment, acaba abandonant l'hàbit sufí i empren un viatge de predicació a Khurasan.
Potser ens podríem preguntar, en aquest moment, si Hal·ladj fou realment, doncs, un sufí. Com hem vist, sí i no. Ho fou formalment, i deixà de ser-ho. Ho és, si considerem sufisme la mística islàmica. No ho és, en la mesura en que trencà la disciplina dels ordes sufís i explicà les seves experiències i conviccions a tothom. Seria, potser, una mena d'"ultra-sufí", ja que recull els valors del sufisme i els porta fins al final.


Aturem-nos un moment a parlar dels sufís. S'ha dit d'ells que "han assolit i interpretat una unitat de sentit més profunda, tot i que més elusiva, que les seguretats de la doctrina" (Kenneth Cragg, "La sabiduría de los sufíes", Ediciones Lidiun, Buenos Aires, pàgina XI). Halladj és certament un bon exemple d'això. S'ha dit que "la saviesa dels sufís consisteix a posar al descobert la soledat del jo egoista i assolir la comunitat del sí-mateix essencial" (KC, p.1). S'ha dit que "pel sufí, en relacionar-se amb Déu el "jo" es transforma i esdevé un "jo" que no és ja independent, sinó que està lligat amb Déu" (KC, p.9). S'ha dit que, pels sufís, "només deixant la mateixitat centrada en un mateix pot aparèixer la veritable mateixitat; per trobar, hem de perdre" (KC, p.10). També tot això Halladj ho il·lustra a bastament, amb frases com ara:
"Entre Tu i jo, hi ha un "sóc jo" que em turmenta.
Ah! Que el Teu "Sóc Jo" s'emporti el meu "sóc jo"
lluny d'entre nosaltres dos!"

o bé aquesta aparentment críptica reflexió:

"I la darrera idea que es presenta al fidel,
en arribar a la barrera,
és "el meu premi" i "el meu jo".
Ja que les criatures són esclaves de les seves inclinacions
i la veritat, parlant de Déu, quan se'L constata,
és que Ell és sant."

Que Ell és sant: o sigui que Ell és separat, diferent, "no com nosaltres", sense inclinacions, sense egocentrisme, totalment donat, totalment comunicat, totalment present, fins i tot en nosaltres.

Continuem una mica més enllà aquesta reflexió sobre el sufisme. S'ha dit també que, pels sufís, "el pacte amb Déu no és pau immediata, sinó un radical anar refinant-se" (KC, p.3); certament, Al-Hal·ladj va viure aquesta radicalitat i aquest gradual refinament del "jo" fins a la seva desaparició o transformació. Un "jo", un "si mateix" que, cal tenir-ho molt en compte, per als sufís és el punt de partença, el primer pas del seu camí. El segon pas és "Tú, el Senyor". El tercer, "Nosaltres, la Unitat"; el quart és "el Senyor dels Móns" (KC, p.10). Arribar a "senyorejar" els móns, el material i l'espiritual, és, en el fons, la difícil fita del sufí i la de qualsevol home embarcat en l'aventura espiritual.
Els sufís, doncs, semblen subratllar més el "procés" que la "irrupció"; són "gent del camí". La mateixa concepció del "jo" adquireix aquest caire d'itinerari, ja que ells veuen tres nocions del jo: l'ànima propensa al mal (inautenticitat), l'ànima conscient d'estar en l'error (trobada) i l'ànima que assoleix la pau (unitat). La via sufí va de la inquietud (la incomoditat amb la pròpia situació) al neguit existencial (la consciència de l'error, de la mancança), i d'aquest neguit a la pau. Abans de la pau hi ha, doncs, un pas de penitència i contrició, un "Kyrie eleison". Qui no el fa, queda perdut en l'"inautèntic" inicial (KC, p.11,12).
Així doncs, aquest sí mateix inautèntic, l'home que jo soc, és el punt de partença i l'únic preludi possible per a l'home que puc arribar a ser. Caldrà passar per l'autoexàmen i l'autocensura, l'abnegació i el penediment (KC, p.13). El camí es mou de l'inautenticitat a la trobada, i de la trobada a la unitat, vers la meta del "Senyor dels Móns" (KC, p.25).
Per als amants dels termes atractius, recollirem els suggerents noms de les tres etapes del camí del sufí: l'aspirant o "murid", el viatger de l'esperit o "sàlik" i l'iniciat o "wàsil" (KC, p.13). I hi afegirem que, per als sufís, l'iniciat va a l'èxtasi, el qual és vist com una experiència momentània, no com la unitat de l'ésser amb Déu. Però per a ells no es pot assolir la sobrietat última i plena de la veritable adoració sense haver passat per l'èxtasi. Només aquesta experiència, constantment renovada, ens mou a adorar més enllà de l'actitud, centrada en el jo, de la petició o l'agraïment (KC, p.23). Adorar més enllà de l'acció de gràcies; lloar més enllà de tota necessitat humana; simplement, lloar.
Permeteu-me encara dues consideracions més sobre el sufisme. Una, que "els sufís foren aguts crítics de les institucions religioses. La seva saviesa insisteix en el tema dels perills sempre presents en les formes d'observància i ritual. Molts s'atenien només de manera molt laxa a les exterioritats de culte, credo i codi" (KC, p.24).
L'altra consideració és sobre la relació entre la penitència personal i la societat. El sufí veu un lligam entre el "mal interior" i el "mal en les estructures de la cultura humana". D'aquí les seves implicacions polítiques i el seu caire sovint profètic. El sufí arriba a veure que "la intensitat de la penitència personal també ha d'incloure com portar la societat al penediment, com generar una humilitat comunitària, tant com privada, una humilitat que enderroqui l'orgull de les nacions, l'arrogància del comerç, les jactàncies de la propaganda i "del funcionari la insolència". La voluntat de puresa de cor i de dolcesa d'esperit té molta relació amb la societat que ens envolta, tant com amb el secret home interior" (KC, p.18).
D'una consideració així, extremadament fina i precisa, i que no pot ser tractada amb simplisme, amb fanatisme o amb barroeria, se n'han derivat fets molt atractius, o sigui entorns socials capaços d'afavorir l'experiència espiritual dels seus membres, i altres fets que provoquen rebuig, fets d'intolerància, de dogmatisme, d'imposició, de supressió de la llibertat personal. Però que sigui difícil trobar el camí just en aquest tema no elimina la justesa de la posició inicial, ni la seva importància per a la nostra mateixa societat.

Tornem, però, al fil de la nostra història. Al cap de cinc anys d'emprendre el seu viatge a Khurasan, Halladj torna i instal·la la seva família i amics a Bagdad. Amb quatre-cents deixebles fa un segon viatge a la Meca, on rep acusacions de màgia per part dels sufís. En retornar, inicia un altre llarg viatge que el porta fins a la Índia, tal com ja havia fet Mani set segles abans. Potser és un fruit d'aquest darrer viatge el següent comentari, tan rellevant avui com en ser escrit:
"He reflexionat sobre les denominacions confessionals
fent un esforç per entendre-les,
i les considero com un Principi únic
amb nombroses ramificacions.

No demaneu, doncs, a un home
que adopti tal o tal altra denominació confessional,
ja que això l'allunyaria del Principi fonamental
i, certament, és aquest mateix Principi
qui l'ha de venir a buscar,
a Ell en qui s'eluciden totes les grandeses i totes les significacions.
I l'home, llavors, comprendrà."
No és una reflexió fàcil; mirem de fer-hi algun comentari. Halladj vol anar més enllà de les confessions; veu clar que l'important és el Principi comú que hi ha a l'origen de totes elles. I que l'intent dels homes ha de ser apropar-se a aquest Principi fonamental. Però llavors hi afegeix que fins i tot aquest Principi -que és formulació humana- no acaba en ell mateix, sinó que ha d'anar a buscar a Aquell en qui tot s'elucida. I llavors, quan el Principi es fongui, s'uneixi amb Aquell, amb l'Ell -o sigui, potser quan la raó mateixa es reuneixi amb El que la depassa-, comprendrem. No comprendrem això o allò; simplement, "comprendrem".

Quan a Girona era l'any 902 i a Lleida el 290, Hal·ladj torna de l'Índia i fa el seu tercer i darrer viatge a la Meca. Subratlla que el desig de Déu ha de destruir mentalment en les persones la imatge del Temple per tal de trobar Aquell qui l'ha fundat; i també, que s'ha de destruir el temple del nostre "jo" per poder-nos reunir amb Aquell que ens ve a parlar. Per a Hal·ladj, Déu és un Tu, i un Tu indestriable del gran Jo que tots nosaltres tenim a dins, un gran Jo encobert pel petit jo que també som i que lluita fins al final per a no ser destruït, però que acaba desapareixent; és quan ja perdem fins i tot el nostre nom. Escoltem-lo altra vegada atentament:
"La meva mirada, amb l'ull del coneixement,
ha deslliurat el pur secret de la meva meditació.
Una Resplendor ha sorgit, en la meva consciència,
més tènue que qualsevol concepció aprehensible,
i m'he submergit sota l'onada del mar de la meva reflexió,
lliscant-hi com llisca una fletxa.
El meu cor voleiava, emplomat de desig,
enfilat a les ales del meu intent,
pujant cap a Aquell a qui, si m'interroguen,
amago amb enigmes, i no L'anomeno.
Al final del vol,
un cop travessats tots els límits,
vagava per les planes de la Proximitat,
i, mirant llavors en un mirall d'aigua,
no vaig poder veure més enllà dels trets del meu rostre.
Vaig avançar vers Ell, per presentar-li la meva submissió,
arrossegat per la força de la meva capitulació;
i ja l'amor, amb el ferro roent del desig,
havia gravat en el meu cor la Seva empremta!
I la intuïció de la meva personalitat em va abandonar
i em vaig apropar tant a Ell que vaig oblidar el meu nom."

(Música 2: "Taksim", Radio France / Ocora C559017 [2.3])

Som ja a mig camí de la nostra història. Quan Hal·ladj torna de la Meca a Bagdad, instal·la una Ka’bah en petit a casa seva, prega de nit als cementiris i de dia predica pels carrers amb gran radicalitat. Commociona el poble i els mitjans cultes; és denunciat davant la Cort del Gran Cadí de Bagdad, però finalment el tribunal rebutja la denúncia.
És potser en aquesta època quan un relat hostil a Hal·ladj li atribueix l'haver pronunciat a la mesquita d'Al-Mansur la famosa sentència "Ana'l Haqq" -"Jo soc Ell, jo soc la Veritat Creadora". Després del que li hem sentit dir, això ja no ens sorprèn, és perfectament natural i coherent amb la seva experiència. Però potser aquests poemes que ara segueixen ens acabaran de perfilar el seu pensament al respecte:
"Unifica'm, oh el meu Únic, en Tu,
fent-me confessar veritablement que Déu és U,
mitjançant un acte en el qual cap camí no serveixi de ruta!
Jo sóc Veritat en potència,
i com que la Veritat en acte és el seu propi potencial
que desaparegui la nostra separació!
Heus aquí que s'il·luminen radiants claredats,
brillant amb les resplendors del llampec!"

- - -
"Déu m'ha parlat, des del fons del meu cor,
i el meu coneixement ha pres forma en els meus llavis.
Se m'ha apropat, a mi que era lluny d'Ell;
m'ha fet el seu íntim, i el seu escollit."

- - -
"Així, Ell m'ha escollit, m'ha apropat, m'ha honorat,
i el tot, en la seva totalitat, Ell me l'ha confiat
i me l'ha fet comprendre.
No em queda ja res,
ni al cor ni a les entranyes,
per on jo no L'aprehengui
i Ell no m'aprehengui."
En sentir aquestes paraules, sembla fins i tot fora de lloc el preguntar-se si Hal·ladj fou un místic. El que hem vist fins ara ho mostra prou clarament, i aquests altres poemes ens ho acabaran de confirmar:

"En el meu cor hi havia molts desigs,
però tots han confluït, des que el meu ull t'ha vist.
I el que jo desitjava m'ha desitjat,
a mi, mestre de criatures
ara que Tu ets el meu Mestre.
Amics i enemics m'han censurat a causa de Tu
només per desconeixement de la meva angoixa.
He deixat als altres el seu ser en "aquest món" i la seva devoció
per lliurar-me solament a Tu, la meva devoció i el meu "món"."

- - -

"El teu lloc en el meu cor és tot el meu cor,
en ell només hi ha lloc per a Tu.
El meu esperit et reté entre la meva pell i els meus ossos;
mira, si Et perdés, com m'ho faria?
Quan miro d'amagar a qui estimo,
el meu subconscient ho manifesta
amb les llàgrimes que jo amagava."

Reblem el clau. Aquest altre poema també ens porta al món del desig ardent de la fusió espiritual, de la relació íntima amb l'Altre, del dolor de la separació:

"És massa sofriment, per a mi, l'haver-Te de cridar així, sense parar,
com si jo estigués lluny de Tu, o com si Tu fossis absent.
Per això Et demano, a Tu, la Teva gràcia, sense cap més temor,
ja que no conec cap asceta que, abans que jo, hagi tingut desig, i de Tu."

Com era de preveure, com no podia ser d'altra manera, també l'experiència de Hal·ladj va a parar al silenci. La proximitat, la intimitat amb el Senyor són tan grans que no hi ha lloc per a les paraules:

"Tinc un Amic per a mi, a qui visito en les solituds,
present, fins i tot quan escapa a les mirades.
No em veuràs escoltar-Lo atentament
per percebre el seu llenguatge
a través del soroll de les paraules.
Les seves paraules no tenen vocals ni elocució,
ni res que s'assembli a la melodia de les veus.

Però és com si jo hagués esdevingut
l'interlocutor de mi mateix,
comunicant a través de la meva inspiració
amb la meva essència, en la meva essència.
Present, absent, proper, allunyat,
inaferrable per les descripcions qualitatives,
Ell és més proper
que la consciència per a la imaginació,
i més íntim que l'esclat de les inspiracions."

Tornem a trobar, doncs, aquesta intimitat amb Déu que ja abans hem vist comentada per Hal·ladj en connexió amb la tensió entre el caràcter ocult i els signes de l'experiència de Déu i que continua comentant:

"Oh, consciència de la meva consciència,
que Et fas tan tènue que vas més enllà de la imaginació de tota criatura vivent!
I que, patent i ocult alhora,
tot ho transfigures des del seu mateix interior!"

- - -

"La teva imatge és als meus ulls,
el teu record és als meus llavis,
la teva llar és al meu cor,
on doncs T'amagues?"


A risc d'esgotar totalment la vostra paciència, voldria fer ara una altra petita disquisició. Mireu: davant les paraules dels místics, no és difícil tenir la reacció de preguntar-se si són paraules veritables. Si reflecteixen realment una experiència viscuda, o són una imaginativa expressió d'un desig, d'un ideal, d'una aspiració. Doncs bé, quan ens trobem davant d'un d'aquests texts, la resposta a aquestes qüestions hauria de ser més aviat de tipus "sensorial": tenen les paraules "gust" de veritat? "Sonen" reals, viscudes? No és pas una dissecció del text, de la seva lletra, el que ens donarà la resposta; és la seva música, la seva manera de sonar, el seu gust. I la nostra sensibilitat haurà de ser capaç de sentir aquest so, de tastar aquest gust. Davant dels poemes d'Al-Hal·ladj hem de veure què notem, si sonen falsos o veritables, si tenen gust d'imaginació o gust de carn.

Encara un altre interrogant, potser més subtil: allò que ens expliquen, és realment magnífic? Aquesta superació del "jo", s'ho val? El resultat, justifica l'esforç? El que es troba, és experiència de plenitud, d'unitat? Potser aquí és precisament el punt on juga la fe, el fer cas als que ens han precedit en aquest camí, als místics de tots els temps, i creure que la unitat és possible i gratificant, que és font de llibertat, que és "realitzadora", "salvadora". Potser és l'únic punt on juga la fe, la confiança en un altre. Què és creure en Jesús sinó creure que el camí de Jesús porta a algun lloc, al Lloc, que l'experiència de Jesús és veritable experiència? Jesús i tots els místics diuen clarament que aquesta experiència es fa. I el seu no sembla pas un testimoni edulcorat: quan ens parlen del camí per arribar-hi ens diuen que no és pas fàcil, sinó dur, contradictori i solitari.

I l'última gran pregunta: aquesta experiència d'unitat està a l'abast de tothom, al nostre abast, o només és cosa de quatre sants o il·luminats? Recordem quantes vegades la dogmàtica, la litúrgia i l'església s'han entès a sí mateixes com a camins alternatius davant de la dificultat general d'assolir la unió mística! L'experiència, pels místics; la gent normal viurem de l'experiència d'ells traduïda i canalitzada per la teologia, els sagraments i la comunitat dels fidels. ¿No seria bo de trencar aquesta visió i proclamar que l'experiència de la unitat amb el Tot és a l'abast de tothom? Que només a través d'ella es pot trobar la salvació? Que ningú no la pot fer per nosaltres, que ningú no ens la pot estalviar? I que la teologia, la litúrgia i l'assemblea han d'ajudar a assolir aquesta experiència i no pas substituir-la? Creure en un dogma o en un sagrament no serveix de res; creure en la validesa de l'experiència dels grans i ajudar-nos de les paraules, dels gestos i dels altres per a apropar-nos-hi sí que serveix.


Anem avançant, encara que sigui de mica en mica. Certament no ens sorprendrà recordar que, en tant que místic, Hal·ladj fou, com hem anat veient, un poeta. Els místics coneixen la necessitat de l'analogia, del suggeriment, de l'expressió al·legòrica, de la metàfora, de la música, per mirar de transmetre la seva experiència. Saben prou bé que "la lògica i el discurs de la raó no donen l'abast per a l'expressió de la veritat" (KC, p.15). Hal·ladj ho diu prou clar:
"Aquell qui, tenint set de Déu, pren la raó per guia,
és portat a pasturar en una perplexitat on és deixat agitar-se.
Els seus estats de consciència s'hi marceixen, en l'equívoc,
i es pregunta, perplex: "Existeix, Ell?""
I Hal·ladj arriba fins i tot a reflectir-ho en una mena de difícil declaració de principis on es fusionen la seva filosofia i la seva experiència mística:
"Des d'ara ja no hi ha, entre Déu i jo, explicacions intermèdies,
ni demostracions, ni miracles, per a convèncer-me.
Heus aquí l'explicitació transfigurant dels focs divins que flamegen en mi,
tornassolant com una perla irrecusable!
La prova és d'Ell, ve d'Ell, va vers Ell, és en Ell,
el Testimoni mateix del Real formulant-se en una revelació.
La prova és d'Ell, ve d'Ell, en Ell i per a Ell;
en veritat, és Ell a qui hem trobat,
com un coneixement en la seva demostració.
No deduïu més al Creador de la Seva obra creada, tots vosaltres, éssers contingents,
que no feu més que donar testimoni dels temps.
Aquesta és la meva existència, la meva confessió i la meva convicció,
aquesta és la unificació divina de la meva professió de fe i de la meva creença.
Així s'expressen aquells que Ell aïlla en Ell,
dotant-los amb els dons de la saviesa, en el seu interior i en públic.
Aquesta és la consumació d'aquells que Ell extasia,
fills de l'emparentament,
els meus companys, els meus amics!"

Sabem que, d'alguna manera, un poeta és un home capaç d'utilitzar la paraula per comunicar indicis de la seva experiència íntima. Ho aconsegueixen les paraules d'Al-Hal·ladj? Que cadascú les deixi ressonar dins seu, com farem ara amb aquest poema:
"Primer el recolliment, després el silenci;
més tard l'afàsia i el coneixement, després la descoberta;
finalment, la nuesa.
Primer l'argila, després el foc;
més tard la claredat i el fred, després l'ombra;
finalment, el sol.
Primer les roques, després la plana;
més tard el desert i el riu, després la crescuda;
finalment, l'assecament que permet el pas.
I és primer l'embriaguesa, després la desil·lusió;
més tard el desig i la proximitat, després la reunió;
finalment, l'alegria.
I és primer l'abraçada, després la distensió;
més tard la desaparició i la separació, després la unió;
finalment, la calcinació.
I és primer l'angoixa, després la recordació;
més tard l'atracció i la conformitat, després l'aparició divina;
finalment, la investidura.
Frases aquestes accessibles només per aquells
que consideren que aquest món no val més que un ral.
I veus de darrera la porta,
però és sabut que les converses dels homes, quan algú s'apropa,
s'ensordeixen en un murmuri."
Quan Ell s'apropa, les paraules dels homes, les nostres paraules, han de callar, desapareixen...
(Música 3: "Taksim" de Makam Segah, Kudsi Erguner, ney. UNESCO Collection / Audivis D 8204 [3.11])

Tot i haver parlat ja llargament, tot i ser ja gairebé al final de la nostra història, voldríem encara parar un darrer moment per preguntar-nos: no hi ha lloc per al desànim, en un camí com aquest? De fet, la pregunta no només és per Al-Hal·ladj, sinó per a cadascú de nosaltres, sempre temptats pel "no veure-ho clar", pel "deixar-ho córrer" o pel "no hi ha res a fer". Escoltem, però, el que ell hi diu:
"Si les cavil·lacions de l'allunyament t'assetgen,
i la desesperació crida "ja no hi ha esperança",
agafa amb la teva esquerra l'escut de la submissió,
i amb la teva dreta branda l'espasa de les llàgrimes.

En guàrdia, protegeix-te
de l'emboscada de la ruptura.

I encara que, en la foscor, et sentis abandonat,
continua endavant, cap a la claredat de la pau al cor.

Digues a l'Estimat: "Mira la meva petitesa;
concedeix-me el perdó abans de la Trobada".

En nom de l'Amor, no Li giris l'esquena
abans que el teu desig hagi rebut el seu premi."

I Hal·ladj veu que, tot i el dubte i l'abatiment, el seu Senyor li fa costat:
"M'has deixat?
No, no has deixat la meva consciència,
de la qual has esdevingut la joia i el goig.
I la separació cau, per ella mateixa, feta miques,
i l'estat d'abandonament se'm torna presència,
i, en el fons misteriós del meu pensament Tu subsisteixes,
ben abans que la imaginació en la meva consciència.
Durant el dia Tu ets, en veritat, el meu company
i en la fosca, el meu amic."

Hal·ladj escampa més i més la seva influència. Té contactes amb personalitats, i va entrant en la predicació sobre la política i els deures dels governants, coincidint amb moviments per a la reforma del govern que demanaven més justícia i responsabilitat. Encara actualment, Al-Hal·ladj és recordat no només com a místic sinó també com a reformador polític i social. Ell mira de preservar la seva llibertat en aquest difícil context, però quan a Girona era l'any 908 i a Lleida el 296 esclata la conspiració reformadora sunnita del califat "hanbalita barbaharita", que només dura un dia; l'emir Ibn Hamdan, amic de Hal·ladj, és perseguit, i ell ha de fugir a Sussa. Al cap de tres anys de la seva fugida, és detingut i portat a Bagdad. Comença llavors un llarg procés de nou anys contra Hal·ladj, passats en part a la presó i en part internat al Palau, segons les conjuntures polítiques de la cort dels Abàssides.
És interessant d'observar la vivència en Hal·ladj de la tensió sunnisme-xiisme. Ell és un sunnita; es casa amb una xiïta, i ha de fugir de la seva ciutat a causa d'una rebel·lió xiïta. Dóna suport a l'emir sunnita Ibn Hamdan; el seu gran enemic, Hamid, és sunnita, però té com a inspirador l'extremista xiïta Xalmaghani. Ell pertany, doncs, als dos móns i no acaba de ser de cap; com era de preveure, l'adscripció a un o altre grup no sembla pas ser un punt rellevant per a la seva trajectòria vital.
I és interessant constatar que l'alta implicació de Hal·ladj en la política del seu temps ens mostra un cop més que els místics no estan fora del món. De fet, el mateix procés que el durà a la mort és una barreja de qüestions teològiques i polítiques, com també passà amb Jesús, vivint i morint enmig de Roma, els dirigents jueus i els zelotes. També Mani visqué prou en funció de les conjuntures polítiques, protegit per Sapor i Ormuz i mort pel germà d'aquest, Bahram, amb el suport dels sacerdots zoroastrians. ¿És aquesta implicació política dels místics deguda a la íntima imbricació entre religió i política que hi havia en els temps en què van viure? ¿O bé és consubstancial a l'actitud espiritual la intromissió en els afers "d'aquest món"? Cadascú de nosaltres haurem de mirar de respondre a aquests interrogants, perquè poden implicar profundament el caràcter de la nostra pròpia actuació personal.

I arribem al final de la nostra història. Quan a Girona era l'any 921 i a Lleida el 308, comença la darrera fase d'aquest pols polític, jurídic i teològic, immers en la tensió entre el visirat de Hamid i els hanbalites. El califa Muqtadir signa simultàniament la condemna a mort de Hal·ladj i l'absolució de l'emir Ibn Abi'l Saj.





El 23 de març de l'any següent s'anuncia la seva execució. El 24 és flagel·lat, mutilat i exhibit sobre el patíbul, on amics i enemics se li adrecen. El 25 és decapitat; el seu cap és penjat públicament i el seu cos és cremat. El 27, les seves cendres són llençades al Tigris des de dalt d'un minaret. Al-Hal·ladj mor en començar la primavera.




(Música 4: "Taksim" sobre el mode Hüseyni, el mode de la nostàlgia, Radio France / Ocora C559017 [2.7]. A sobre:)

“El meu amor pel meu Senyor m'ha arruïnat i m'ha consumit,
com em podria queixar al meu Senyor del meu Senyor?”

- - -

“Sóc com un nàufrag a l'alta mar
de qui només els dits sorgeixen demanant ajuda.
Ningú no sap què em passa,
només Aquell que s'ha ficat dins el meu cor.”

- - -

“Per això Et demano, a Tu, la Teva gràcia,
sense cap més temor,
ja que no conec cap asceta
que, abans que jo,
hagi tingut desig, i de Tu.”

- - -

“M'has deixat?
No, no has deixat la meva consciència,
de la qual has esdevingut la joia i el goig.”

- - -

“Durant el dia Tu ets, en veritat, el meu company
i en la fosca, el meu amic.”

- - -

“Heus aquí que s'il·luminen radiants claredats,
brillant amb les resplendors del llampec!”



Ara, qui ho desitgi i tingui temps és convidat a quedar-se i escoltar el cant d'una cerimònia sufí.

(Música 5: "La cerimònia del Zikr", Arion 4.2 o UNESCO 3.1-2 o Maison 1.4 o 1.5)


(Conferència de Raimon Ribera a la llibreria "La llar del llibre" de Barcelona, el dia 13 d'abril de 1994)