dijous, 9 d’abril del 2020

Valors i ideals



Derain 1924


"Es pot dir que els valors són un altre nom dels ideals. I de fet, tot valor és alhora una idea, ja que només existeix en i per l'esperit, i un ideal, ja que l'esperit no cessa de desitjar-lo i estimar-lo. Però l'ideal s'oposa al real; se'l projecta en el futur i se l'exclou del present. En lloc d'això, si bé el valor no és el real, queda lluny de ser en canvi com l'ideal un pur objecte del pensament que com un miratge recula sempre en un futur més i més llunyà, ja que porta en ell una realitat actual que resideix en una exigència de realització a la qual sens dubte la nostra activitat no sempre respon."


Louis Lavelle a Traité des valeurs (1951), p. 20


Text original:

"On pourrait aussi dire que la valeur n’est qu’un autre nom de l’idéal. Et, de fait, toute valeur est à la fois une idée, puisqu’elle n’existe que dans et pour l’esprit et un idéal, puisque l’esprit ne cesse de la désirer et de l’aimer. Mais l’idéal s’oppose au réel ; on le projette dans l’avenir et on l’exclut du présent. Au lieu que, si la valeur n’est pas le réel, loin d’être pourtant comme l’idéal un pur objet de pensée, mais qui comme un mirage recule toujours dans un avenir de plus en plus lointain, elle porte en elle une réalité actuelle qui réside dans une exigence de réalisation à laquelle sans doute notre activité ne répond pas toujours." 



"El valor no és pròpiament un ideal, en el sentit que l'ideal resta sempre abstracte o virtual; el valor és la implementació i l'encarnació de l'ideal, el punt on l'ideal i el real arriben a coincidir."


Louis Lavelle Traité des valeurs (1951), p. 274


Text original:

"La valeur n’est plus proprement un idéal, au sens où l’idéal reste toujours abstrait ou virtuel ; elle est la mise en œuvre et l’incarnation de l’idéal, le point où l’idéal et le réel parviennent à coïncider."



Incorporarem força fragments d'aquesta obra. Hem de dir, però, que de vegades traduirem el singular "la valeur" pel plural "els valors". No sabem si això traeix el pensament de l'autor (que al títol de l'obra bé posa el terme en plural), però ens sembla que en català parlar del "valor" com a entitat no és el més habitual.


Segons la Viquipèdia, Louis Lavelle (Saint-Martin-de-Villeréal 1883 - Parranquet 1951) va ser un filòsof francès especialitzat en metafísica. Doctorat per la Sorbona i professor d'institut, durant tota la seva vida va participar en la política del país, des de posicions d'esquerres i obreres. La seva obra més rellevant (inacabada) és La Dialectique de l'éternel présent.

El seu pensament està fortament influït pel d'Henri Bergson. Considera que l'esperit és l'essència de la realitat (seguint l'idealisme platònic) i que està lligat a la consciència. Per tant l'ésser humà es defineix pels seus actes i la reflexió moral que hi associa i que el defineix com a persona. Aquesta definició té lloc en el món sensible i físic, que és l'únic real.



Louislavelle.jpg



La Wikipédia en diu el següent:

Louis Lavelle est un philosophe français (Saint-Martin-de-Villeréal (Lot-et-Garonne), 15 juillet 1883 - Parranquet, 1er septembre 1951), et l'un des métaphysiciens français majeurs du xxe siècle. Représentant de la philosophie de l'esprit, sa philosophie est un spiritualisme existentiel. Il fut élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1947.

Né d'un père instituteur et d'une mère propriétaire d'une petite exploitation agricole, Louis Lavelle quitte sa région natale à l'âge de sept ans afin de poursuivre ses études secondaires à Amiens puis à Saint-Étienne. Entré à la faculté de Lyon, il s'intéresse à la pensée de Nietzsche, participe à des manifestations libertaires et suit très peu ses cours.

Entre diverses suppléances à Laon, il assiste aux cours de Léon Brunschvicg, auquel il s'opposera plus tard, et d'Henri Bergson.

Agrégé de philosophie à Neufchâteau en 1909, Lavelle est nommé à Vendôme puis à Limoges. De son mariage, en 1913, nait un fils puis trois filles.

En 1914, lorsque tombe l'appel à la mobilisation, bien que réformé, Lavelle demande à aller au front. Envoyé sur la Somme en 1915, il ira ensuite à Verdun où il sera fait prisonnier le 11 mars 1916 et restera détenu près de vingt-trois mois : il écrit alors sa future thèse sur de petits carnets achetés à la cantine du camp de Giessen, ainsi que ses Carnets de guerre.

Il soutient sa thèse de doctorat de philosophie fin 1921 en Sorbonne : La Dialectique du monde sensible devant Léon Brunschvicg et La Perception visuelle de la profondeur devant Léon Robin.

Nommé professeur à Strasbourg, au lycée Fustel-de-Coulanges, il jouera un rôle important dans les organisations syndicales d'enseignants d'Alsace-Lorraine. À cette époque, est diagnostiquée chez son fils une maladie osseuse qui l'emportera en 1952.

De 1924 à 1940, Louis Lavelle donne des cours privés et enseigne à Paris au lycée Henri-IV et à Louis-le-Grand. Journaliste, il tient les chroniques philosophiques du journal Le Temps et fonde en 1934 avec le philosophe René Le Senne la collection Philosophie de l'esprit chez l'éditeur Aubier-Montaigne.

Lors de l'armistice de 1940, Lavelle s'est replié avec sa classe à Bordeaux et il est nommé Inspecteur Général de l'Instruction Publique en 1941. Au Collège de France, lors de l'assemblée du 25 mai 1941, Lavelle est présenté par Mario Roques contre Maurice Pradines soutenu par Étienne Gilson : Lavelle est élu au premier tour avec 17 voix contre 5. Il est nommé, à la suite d'Édouard Le Roy, à la chaire de philosophie du Collège de France.

Le philosophe multipliant les congrès à l'étranger ainsi que les ouvrages, sa santé s'altère, surtout à cause de problèmes d'hypertension. Six mois avant sa mort, Lavelle avait confié à un ancien collègue que ses jours étaient comptés mais que cela ne lui importait guère. Victime d'une angine de poitrine, Lavelle s'éteint dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1951.

Louis Lavelle est l'auteur du plus vaste système de métaphysique du xxe siècle : La Dialectique de l'éternel présent. Inachevée, elle est composée de quatre volumes : De l'Être (1928), De l'Acte (1937), Du Temps et de l'Éternité (1945) et De l'Âme humaine (1951). Cette somme devait donc compter un cinquième et dernier volume : De la Sagesse ; jamais paru à cause du décès de l'auteur.

Son œuvre connaît aujourd'hui un certain regain d'intérêt grâce aux efforts d'Alexis Klimov, Jean École, Jean-Louis Vieillard-Baron, Michel Adam et de Bruno Pinchard.

Se sont rattachés à la philosophie française de l'esprit dont Lavelle fut le chef de file : René Le Senne, Gabriel Marcel, Gabriel Madinier, Nicolas Berdiaev, Georges Gusdorf, Aimé Forest, Jean Nabert, Maurice Nédoncelle, Jean Nogué, Jean Pucelle. Le philosophe Michel Adam a prolongé la question morale dans l'esprit de la pensée lavellienne, notamment dans Morale à contretemps.


Lavelle fut très marqué par Bergson, Hamelin mais aussi Léon Brunschvicg. Avec Bergson et Brunschvicg, Lavelle partage l’idée d’une suprématie de la vie de l’esprit, riche et créatrice :

« La conscience n’est pas seulement l’unité de tous les faits qui naissent en elle à un moment donné, elle peut être l’unité de tous les états qui se sont succédé en elle. Elle est toute dans le présent ; mais à chaque instant elle ramasse sa vie entière, elle devient capable de la revivre. »

Néanmoins, c’est surtout contre la pensée hamelinienne que Lavelle pose les jalons de sa métaphysique : l’être n’est pas le produit d’une synthèse des catégories et ne provient pas d’une opération intellectuelle. Dans son Essai sur les éléments principaux de la représentation (1907), Hamelin se présentait comme le tenant d’un idéalisme radical :

« Nous allons donc constituer les choses avec des rapports ? Sans doute. Des choses qui seraient en elles-mêmes primitivement, des choses dont la nature serait la source des lois, au lieu de découler des lois ou de leur être identique [...].»

Il ne s’agit donc pas pour Lavelle de développer un idéalisme, mais bien de constituer une philosophie posant l’être avant le connaître. Chez Lavelle, l’être est « l’objet universel » (il ne faut pas entendre ici le terme « objet » au sens de « chose »), c'est-à-dire premier, univoque, et présent tout entier en chaque point de l’univers. Cette thèse de l’univocité ontique, dépassant la distinction classique entre sujet et objet, est soutenue par l’affirmation que l’être est acte, ce qui met d’emblée le sujet en rapport avec la totalité de l’univers :

« L’identification de l’être et de l’acte nous permettra de définir notre être propre par la liberté. Nous créons notre personne spirituelle comme Dieu crée le monde. Mais il faut que nous fassions partie du monde comme une chose avant de pouvoir nous unir à Dieu par un libre choix. L’acte pur ne comporte aucun choix ; mais il rend possible tous les choix chez un sujet qui, participant à sa nature, peut s’attacher, par un consentement qui fonde sa personne même, au principe intérieur qui l’anime et le fait être, ou bien s’abandonner à la nécessité par laquelle l’ensemble de tous les êtres finis, déterminés par leurs bornes mutuelles, exprime encore la suffisance de l’être pur. »

Ce principe intérieur, c’est l’acte de la conscience, l’opération par laquelle l’individu se donne l’être à lui-même : c’est par l’acte personnel que je me figure être à la fois uni et distinct de l’être pur. J’y suis relié par la participation, qui est un thème central de l’ontologie dialectique de Lavelle : participer, c’est prendre part à l’être par le biais de mon activité réflexive.

Ce concept de participation prend source, chez Lavelle, dès son premier ouvrage La Dialectique du monde sensible, dans lequel il propose une étude systématique des qualités sensibles : la donnée, la force, l’étendue, etc. Il montre alors que c’est par une confrontation au « monde sensible » que l’activité créatrice, et plus précisément analytique de l’esprit se révèle :

« L’existence [l’être] s’applique immédiatement à la totalité du monde, mais elle ne s’applique à ses parties que grâce à l’analyse qui les distingue les unes des autres et détermine avec une extrême rigueur leurs limites mutuelles. L’unité de la pensée se manifestera par la simplicité de l’acte caractéristique de l’analyse ; mais en s’appliquant à la totalité de l’être concret donné primitivement cet acte simple témoignera d’une inépuisable fécondité : il engendrera la variété de toutes les formes particulières de l’existence. Dans l’identité agissante par laquelle la pensée distingue un terme quelconque de tout autre se trouve exprimée en quelque sorte éminemment la diversité de toutes les distinctions réalisées. »

L’acte de participation, en me posant moi-même comme être particulier, c’est-à-dire capable de réflexion, pose par conséquent le monde comme porteur de sens. C’est justement dans notre expérience quotidienne du monde, par l’analyse que nous en faisons, que la valeur nous est témoignée. Ainsi, pour Lavelle, le point de départ de la métaphysique est concret : le réel suscite une émotion, un « frémissement » qui révèle une intuition de l’être, une expérience pure. Cette dernière est le témoignage, pour Lavelle, de la participation à l’absolu, qui est un acte toujours renouvelé, consenti et creusé par la réflexion.

Pour Gilles Deleuze, Lavelle a été le premier en France à faire de la philosophie une philosophie de valeurs.